Alors que la finale de Coupe de France se prépare dans un contexte particulier au Paris Saint-Germain, nous en avons eu l'occasion d'échanger avec Kadidiatou Diani. La jeune internationale tricolore, arrivée l’été dernier au PSG a fait avec nous un premier bilan de sa saison, et évoque bien entendu cette finale, sa première, qui se déroulera dans deux jours au Stade de la Meinau de Strasbourg.
Coeurs de Foot – Dernier match cette saison, la finale de Coupe de France face à Lyon. Comment vous l’abordez ?
Kadidiatou Diani – C’était un des objectifs qu’on s’était fixés en début d’année. On reste assez concentrées sur cette échéance, cette finale. Et on espère vraiment qu’on va la gagner.
CDF – Ce match nul 0-0 en championnat vous a donné confiance ?
K. D. – On peut dire que c’est prometteur. Après, peut-être qu’on va changer de système de jeu aussi. Je ne sais pas. C’est mieux qu’une défaite [mais] c’est sûr que si on avait marqué, cela aurait été mieux.
CDF – On a vu avec votre entrée en jeu [dans ce match], vous n’étiez pas loin d’apporter ce petit déclic, avec cette vitesse sur le coté droit.
K. D. – Je pense que c'était une stratégie mise en place [de me faire entrer plus tard]. Après, je n’ai pas eu assez de temps de jeu pour pouvoir m’exprimer pleinement. J’ai joué peut-être dix minutes. Mais j’ai fait ce que j’ai pu faire.
CDF – Les matches PSG-OL sont désormais des affiches incontournables avec une forte rivalité. Mais à vos débuts à Juvisy c’était Juvisy [désormais Paris FC] le « grand rival » de Lyon. Est-ce exactement la même rivalité pour autant ?
K. D. – Je pense qu’il y a aussi une rivalité quand il y a une affiche Lyon-Juvisy ou Paris-Juvisy. Chaque équipe à envie de gagner. De remporter ces « gros » matches. C’est vrai que cette rivalité dure depuis plusieurs années. À chaque fois, ces matches-là, ça galvanise. Toutes les joueuses ont envie de gagner.
CDF – Personnellement, cela va être votre première finale de Coupe de France. L’occasion de décrocher votre premier titre en club. Comment vous vivez tout ça ?
K. D. – Oui, c’est ma première finale mais ça ne me met pas une pression supplémentaire. J’ai déjà vécu des matches de cette importance, dans d’autres grandes compétitions. J’ai déjà vécu des matches avec un gros enjeu, donc là je n’ai qu’une pression positive.
CDF – Justement parmi les matches à gros enjeu dont vous parliez. Il doit y avoir cette demi-finale de Ligue des Championnes face à Lyon, avec Juvisy (En 2013) ?
K. D. – Ah mais ça, c’était il y a longtemps. J’étais jeune (rires). C’est vrai que ça reste de bons souvenirs. Même si on avait perdu sur un gros score (9-1 au cumulé, Diani a marqué l’unique but juvisien ndlr).
« Statistiquement j’aurai préféré faire mieux »
CDF – C’est une expérience en Champions League qui pourra vous servir pour l’année prochaine ?
K. D. – Je n’aurai pas le choix, je n'ai que cette expérience là en Ligue des Champions. Après, peut-être qu’entre-temps, le jeu au niveau européen a évolué. Sûrement. Mais oui, je me servirai un peu de cette petite expérience.
CDF – On voudrait revenir aussi sur votre première saison à Paris. Quel bilan pouvez-vous nous en faire ?
K. D. – Personnellement je suis satisfaite. Je suis contente d’avoir rejoint ce club. J’ai eu pas mal de temps de jeu (notamment 19 titularisations sur 21 rencontres en D1 ndlr). Comparé à Juvisy, j’ai même eu plus de temps de jeu, je pense. Après, statistiquement, j’aurais préféré faire mieux [que 6 buts et 5 passes décisives en championnat]. Mais dans l’ensemble je reste contente de ma saison.
CDF – Cette saison, après le match contre le Paris FC en Coupe de France, Patrice Lair disait de vous : « Je pense que c'est notre meilleure recrue. (…) Elle bosse, elle travaille, elle est à l'écoute, et elle a passé un cap. On m'avais mis en garde en me disant que c'est une fille qui se laissait un petit peu aller. Au contraire, c'est une fille qui bosse, et franchement je suis très content de ses performances. »
Qu’est-ce que ça vous évoque d’entendre ça ?
K. D. – Peut-être que les personnes qui l’avaient mis en garde avaient raison. À Juvisy, sur la fin, je ne me sentais pas bien. Du coup, peut-être que ça se voyait sur le terrain. Quand on n'est pas bien au travail ça se ressent sur le travail qu’on fait donc c’est peut-être pour ça. Je n’avais plus la même envie que les années précédentes. Même si j’essayais d’y mettre du mien et de me donner à fond.
CDF – Du coup changer de cadre devenait inévitable ? Surtout pour passer encore un pallier ?
K. D. – Ah oui, si je voulais vraiment passer un cap, il fallait que je change d’équipe. Je pense qu’à Juvisy j’étais arrivée au bout de ma progression. [Et] puis, j’avais peut-être besoin d’un milieu professionnel aussi. Je sens que désormais, j’ai plus de régularité dans les matches. C’est une bonne chose.
« C’est un plus pour l’image du football féminin »
CDF – Au PSG vous côtoyez beaucoup d’internationales étrangères aussi. Comment vous êtes-vous adaptée à ce nouveau contexte ?
K. D. – C’est pas difficile. C’est peut-être pour les étrangères que c’est plus difficile de s’adapter au jeu français. Après ça va, je parle anglais moi (rires). Même s’il est un peu fatigué, je travaille mon anglais en discutant avec elles. On vit bien dans ce groupe.
CDF – Vous avez disputé toutes les compétitions jeunes avec les équipes de France. Cette année va avoir lieu la Coupe du monde U20. Est-ce que c’est quelque chose dont vous parlez avec vos jeunes coéquipières potentiellement concernées (Marie-Antoinette Katoto, Sandy Baltimore) ?
K. D. – Oui on en parle, après je pense qu’elles en parlent surtout entre elles. Peut-être qu’elles demandent des conseils, mais pas à moi (rires).
CDF – Pour finir, vous allez jouer à la Meinau jeudi. Qu’est-ce que ça vous évoque ce stade ?
K. D. – C’est un plus pour l’image du football féminin de pouvoir jouer dans un grand stade. Ça permettra d’accueillir plus de monde. Donc c’est forcément une bonne chose.
Morgane Huguen